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Marie se cultive...
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8 janvier 2010

Rétrospective Pierre Soulages

Paris, Centre Pompidou, jusqu'au 8 mars 2010.

retrospectives_soulages

Je sais : l'affiche ne fait pas envie! Il a l'air un peu terrifiant ce bonhomme mais il ne faut pas avoir peur car son art, et donc l'exposition, sont de toute beauté.

L'exposition nous offfe un panel de l'activité de l'artiste depuis ses débuts vers 1946 jusqu'à aujourd'hui, avec des oeuvres très récentes jamais montrées. On commence par découvrir la peinture au brou de noix (apportant une couleur marron) et de petit format, puis on enchaine avec la période des années 1950 à 1970 avec cette fois des peintures plus grandes et surtout de la couleur (même si ça reste secondaire) notamment des toiles magnifiques avec du bleu et du rouge mais aussi une sorte d'effet de luminescence avec des toiles dont le noir fait ressortir le blanc donnant l'impression d'une lumière cachée derrière la peinture. On continue l'exposition dans la partie consacrée aux oeuvres en noir et blanc et enfin à la production la plus récente : l'outrenoir, terme inventé par Soulages lui-même et désormais célèbre, indiquant une peinture noire dont la lumière jaillie. Cette dernière production voit se développer un travail plus important sur la matière avec des couches plus ou moins épaisses de peinture, des sillons... pour donner vie à la peinture et lui permettre de donner différents reflets de lumière. C'est ma période préférée de son art, j'aime ce travail sur la matière, on aimerait pouvoir palper cette peinture si proche.

Car l'exposition ne nous éloigne pas de la peinture, bien au contraire. Il n'y a pas de système de mise à distance du public comme des estrades ou des fils et beaucoup des oeuvres finales sont même montrées accrochées à des fils métalliques en plein milieu de l'espace ce qui permet de tourner autour et de voir l'envers du décor, le dos de la peinture. Je trouve cela vraiment intéressant car on ne voit jamais l'arrière du tableau, cela permet poutant de désacraliser l'oeuvre et de découvrir un aspect différent.

A part cela, la muséographie de l'exposition est typique d'un musée d'art contemporain : le modèle du white-cube dans toute sa splendeur, poussé au maximum. Nous avons donc des oeuvres standardisées dans leur présentation , presque seules sur un pan de mur totalement blanc, les cartels sont même évacuées sur les bords du mur pour ne pas "gêner" notre contemplation, bref : débrouillez vous! Cette conception sous tend l'idée que l'oeuvre d'art se suffit à elle-même, sa force suffit à faire venir le spectateur à elle et il n'y a donc pas besoin de médiation, d'explication. Les cartels de toute façon ne sont pas d'un grand secours car Soulages nomme toutes ces oeuvres pareil "peinture, dimension de l'oeuvre, date de création". La seule information importante repose sur l'origine des oeuvres qui nous permet de constater l'énorme part d'oeuvres prêtées par des institutions : il ne doit pas y avoir plus d'un quart des oeuvres qui appartiennent au Centre Pompidou et encore...

S'agissant d'une oeuvre contemporaine, totalement abstraite, on pourrait se dire (et c'est ce que les concepteurs de l'expo se disent) que le manque d'information n'est pas un problème, qu'il suffit de contempler l'oeuvre et de l'apprécier esthétiquement, formellement, sans avoir à comprendre un quelconque sens. Certes, ce n'est pas faux, cela ne m'a pas gêné pour apprécier l'oeuvre magnifique de Soulages que par ailleurs je ne connaissais pas. Mais pourquoi donc l'art contemporain est-il s'y réfractaire à toute médiation, à toute explication? Pourquoi ne pas vouloir nous renseigner un peu sur la démarche de l'artiste par exemple, ça manière de peindre? Questions que nous nous posons tout au long de l'exposition et auquel nous trouvons des réponses! En effet, l'exposition pallie ce manque en se terminant par la projection d'un film assez court sur Soulages où l'on trouve toutes les réponses à nos questions : on voit comment il travaille, il explique son oeuvre et on découvre le personnage. C'est donc finalement assez intéressant d'avoir fait ce choix : on nous laisse apprécier l'oeuvre poour ce qu'elle est, pour ses qualités plastiques et on nous explique tout à la fin pour qu'on comprenne quand même mais que cela n'interfère pas avec notre contemplation.

Bref une très bonne exposition donc, une oeuvre magnifique et magistrale à découvrir d'urgence. J'en profites pour souligner que cette exposition porte sur un artiste vivant, chose très rare dans les musées, et c'est donc d'autant plus intéressant.

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